Depuis quelques semaines dans mon espace favori…particulièrement dans le rang St-Michel la musique n’est plus pareille….moins de variétés, moins d’harmonie. La chorale manque de chanteurs….ils doivent se déplacer ailleurs. 

L’orchestre doit faire face à des disparitions d’instruments sonores….les ruisseaux roucoulent encore, surtout après les périodes de pluies, la gent ailée accueille les nouveaux arrivants du sud….les corneilles, les carouges, les roselins, les chardonnerets, l’oiseau-moqueur, hier encore des bernaches retardataires pointaient vers le nord, etc.

Ce qui a disparu depuis quelques années ce sont les mouvements des vaches laitières avec leurs clochettes, leurs meuglements, les chevaux qui traçaient les sillons avec les commandes du cultivateurs, ensuite le ronronnement des tracteurs…Les chiens qui aboyaient dès qu’une personne se pointait à l’horizon, les chats qui ronronnaient sur les galeries, etc

Mais cet été les instruments à vent sont modifiés….bien sûr il y a encore le bruissement des feuilles de tremble, les frissons des feuillages des quenouilles dans les fossés, les jeunes voix des grenouilles dans les étangs…

Moi, le cycliste spectateur-profiteur de concerts visuels qu’offrent la philharmonie Nature, je dois faire le deuil de quelques instruments à vent qui coloraient mon ouïe à mon passage lors de vents en mode brises, ou en mode fâchés…

Si vous passez dans le rang vous verrez plusieurs épinettes étendues par terre…. Non, ce n’est pas Dame Nature qui avec le tonnerre, les éclairs, les ouragans ou tornade qui les a couchées….. C’est H.Q. qui doit protéger le flux d’énergie qui circule dans le réseau. En effet, Hydro Québec doit renforcer le réseau, et pour ce faire ajouter à la sécurité d’approvisionnement des résidents en améliorant les risques de pannes.

Toujours est-il que sur mon parcours je perds le son du vent dans les épinettes et les cocottes pétillantes de ces conifères qui montaient la garde devant plusieurs maisons du rang. Souvent je m’arrêtais pour écouter les plaintes sifflantes de ces grands arbres triangulaires.

Devant une maison celle d’A.H.….il y avait même les sept notes de la gamme: D0 RÉ MI FA SOL LA SI…. dont je vous transmets l’histoire…..avec même le début de l’octave suivante….

Mais, il me reste de l’autre côté du chemin….juste après la colline une belle plantation de pins, qui eux aussi chantent très bien….des épines en balai, plus longues qui en plus de chanter, dansent dans le vent fervent et murmurent dans les brises doucereuses en fin de jour….La dernière fois d’un concert magnifique j’ai regretté de ne pas avoir une chaise longue pour m’y installer en sous bois et apprécier cette langueur qui coulait les souvenirs des anciens habitants de ce secteur. Demeurent aussi pour raviver ces souvenirs une belle ligne de saules « pleureurs » qui s’épanchent tristement.

Dans cet espace concert, cette ceinture harmonieuse j’y trouve des plaisirs visuels et sonores où je découvre toujours des joies qui agrémentent mes tournées en vélo.

André-J.Bordeleau, 8 juin 2020.