Shawinigan a cessé de fumer !Image

Anciennement, avant les verts, la prospérité passait par le côté populaire inventé par la grosses compagnies qui s’en servaient à toutes les sauces dans leurs images de publicité.

L’homme riche était gros, et fumait le cigare, les filles étaient attrayantes et elles fumaient la cigarette. C’était le début de l’ère de la consommation. Les industries polluantes s’installaient dans les villes, les cheminées crachaient leur fumée dans l’environnement. C’était signe de prospérité et de richesse.

Les salaires étaient alléchant et permettaient l’achat de différents produits pour les familles.

Une grande période industrielle a permis à Shawinigan d’avoir une place enviable au Québec et même au Canada. Mais usure et nouvelle technologie allaient lentement démanteler cette structure de prospérité.

Et, présentement, Shawinigan touche le fond de cette grande période.

 

Après la nostalgie en papier de la Belgo il y a six ans, une autre des mères nourricières de notre ville rend son dernier souffle ces jours-ci. Ce matin le long de ma promenade quotidienne (ou presque), en cette belle journée de fin de novembre où le soleil se force pour réchauffer l’air froid nordique qui s’amuse à jouer sous zéros particulièrement durant la nuit, je m’arrête encore, comme toujours, sur le Belvédère Lambert qui domine le serpentin de la Majestueuse Rivière St Maurice avec en arrière plan le coeur de Shawinigan, avec au nord les grandes cheminées des salles de cuves du Plan 2 de l’usine d’aluminium Rio Tinto anciennement Alcan.

Les langues de fumée blanche se couchent lentement vers l’est indiquant par le fait même que le vent est faible et qu’il vient de l’ouest marquant ainsi l’annonce que la météo des prochaines 24 heures sera favorable. Cela pour dire que plusieurs personnes vont perdre un repère pour la météo locale.

Mais, ce matin, j’ai plus en tête tout l’aspect historique qui se cache derrière ces dernières bouffées des grandes industries qui ont contribué à l’essor de la naissance d’une des grandes villes industrielles de l’Amérique du nord. Le premier lingot d’Aluminium fut coulé ici en début du siècle précédent. Des milliers de personnes ont gagné leur vie et celle de leur famille grâce à cette manufacture. Du coeur de l’espace de la Pointe à Bernard avec ses blocs à appartements,  la ville s’est agrandie de secteurs urbains à des banlieues aux maisons uni familiales. Des paroisses, des églises, des écoles, des commerces ont prospéré avec les salaires que ces grandes industries offraient aux employés.

Aujourd’hui ce sont quelques centaines d’employés qui seront touchés par la fermeture de ces dernières cuves.

Que d’images, de scènes de vie, d’anecdotes, de misères… vont habité la mémoire de toutes les personnes qui de près ou de loin vont se remémorer en souvenir les interactions que cette usine aura eu dans leur quotidien.

L’avenir est maintenant ailleurs et les villes doivent se tourner vers de petites p.m.e qui tenteront de combler le besoin de consommation des citoyens modernes tournés vers les technologies centrées sur les communications et le tourisme.

 

Voici le résumé que Mario Lachance, historien fait de l’Aluminium à Shawinigan dans Le Nouvelliste du 30 novembre 2013 en page 3.

 

22 octobre 1901:mise en opération de 32 cuves Hall para la Pittsburg Reduction Company à Shawinigan.

2 décembre 1901: un chargement de 30 tonnes par pour le Japon.

1919: 720 employés travaillent à la production de 403 cuves.

1941: Construction et mise en opération de l’usine du Boulevard Saint-Sacrement (Plan II)

1945: arrêt de la production de lingots sur le site initial.

1985 : arrêt de la production de câbles sur le site initial.

2007: achat d’ Alcan par Rio Tinto ( La Pittsburg Reduction était devenue Alcoa et Alcan )

2013: fin de la production d’aluminium à Shawinigan.