Une fois par année ou encore moins…je prends un numéro. Ça se passe à l’hôpital régional dans mon coin en Mauricie.

Le service le plus en demande se déroule particulièrement le matin entre 7 heures et 8 heures. Après le stationnement, la marche vers l’entrée, les portes coulissantes, tu te retrouves devant une distributrice à ticket, qui, lorsqu’elle est seule, non accompagnée d’une bénévole se fait très discrète au point que certains arrivants se cherchent un siège en passant devant avant de se demander :  « Comment ça marche ici ?…. ».

Généralement, les gens ne sont pas parlant. On vient de se réveiller. On n’a pas encore parlé à personne, on est inquiet, on aime pas se soumettre à des tests, etc. Après avoir vu quelques personnes se lever pour aller aux postes de triage tu veux savoir comment ton tour va arriver.

« Mais, vous n’avez pas de numéro…. »

« Allez vous chercher un ticket à l’entrée de la salle d’attente »

« Ah ben, tabarnacle !»

Pour lui, la journée commence mal!

 

Ce matin là, moi je fus chanceux. La bénévole était là et elle m’indique gentiment de presser sur le A pour voir mon numéro, ce sera le A 59. Juste derrière moi, j’entends une voix lancer : « J’en veux quatre », et la bénévole de se demander si elle est en train de vendre des cartes de Bingo ! L’autre de répondre : « Nous sommes quatre et je prends les tickets pour chacun ». Et, ces quatre fêtards s’installent pas loin de moi pour continuer leurs conversations méli-mélo sur n’importe quoi. Trois femmes et un homme avec une tuque branlante sur une boule pas trop allumée.

 

Sur l’écran j’ai vu A 36. Ça risque d’être long…mais j’aime ça à l’occasion, observer et me laisser aller à l’ambiance de foire qui anime ces zones publiques achalandées. Des enfants avec des parents, des jeunes hommes et jeunes femmes, des adultes et beaucoup de personnes âgées qui viennent pour un contrôle santé. On y lit l’impatience, la patience, l’inquiétude, l’intolérance, etc. Et, à chaque instant presqu’au rythme d’une horloge, une place se libère et une petite sonnerie fait lever les yeux de tout le monde pour regarder le tableau de triage qui divise les services sur une échelle des lettres de A à F selon les types d’examens médicaux. On regarde la lettre et on jette un coup d’oeil sur l’élu qui se dirige vers l’avant avec sa feuille, ses cartes et souvent son petit pot d’urine. « Oups, Monsieur, vous avez oublié quelque chose sur votre siège. »

 

Il doit bien y avoir une cinquantaine de personnes ramassées dans cette petite salle….quelques uns restent même debout à l’entrée pour attendre leur tour… ceux qui sont des cas urgents, des bébés, des vieillards ou je ne sais quoi.

L’équipe joviale du bingo diffuse leurs dialogues pour tout le monde. Ici, dans ce local, il n’y a pas d’appareil télé. C’est une télé réalité en direct, juste un poste sans contrôle à distance. À l’occasion ça fait sourire, ça détend. Puis, on regarde la clientèle : la jeune fille au téléphone cellulaire qui texte au lieu de parler…elle est discrète ….elle! Une femme a amené son tricot. Puis la vieille dame qui, inquiète, questionne sans arrêt son accompagnatrice, qui généreusement, patiemment la sécurise et la rassure. Y’en a quelques uns qui ont vraiment l’air malade, fatiguée, usée, presque rendus au bout du rouleau.

 

Et dans l’espace d’une heure tout ce beau monde se retrouve dispersé dans l’hôpital pour leurs différents examens. Plusieurs dont moi, se retrouveront un peu plus loin, dans un corridor, pour les prises de sang avec encore un numéro qui s’avère être le même qu’au poste de triage. Sur l’écran, je lis A 47. Dans la salle des aiguilles, il y a quatre ou cinq infirmières qui piquent ce matin… Le sang coule à flot dans les petites seringues. Ma piqueuse est jeune et gentille. Elle ne me pique qu’une fois ayant vite trouvé la veine dans le creux de mon coude droit. C’est fini. Bonne journée.

Il ne reste qu’à espérer que cette collecte d’infos biologiques ne contienne pas de mauvaises nouvelles.

 

Une heure et demi plus tard je me retrouve à la maison pour me préparer un bon déjeuner…

Imaginez, j’étais à jeun depuis 20 heures hier soir.